Mont-bleu lointain

LES ORIGINES LEGENDAIRES D'ANTANANARIVO

Il était une fois... quatre cents ans plus tôt ! quand les navigateurs malayo-polynésiens sont, semble-t-il jetés <<accidentellement>>sur les côtes de Madagascar en plusieurs vagues, tous ignorent  encore que ces gens aux yeux allongés et bridés, aux pommettes saillantes, aux cheveux noirs et lisses et au teint cuivré feront souche dans la grande île et engendreront la race des chefs merina qui étendra sa domination sur les Hauts- plateaux.

 

Sur ces terres aux contrastes saisissants, ils auraient choisi pour premier établissement le petit pays de Manerinerina. Ils se retrouvent plus tard à Ampandrana, puis à Imerimanjaka. Alors, dans une marche circulaire de conquêtes tout autour de la colline d'Analamanga, ils fondent successivement des postes fortifiés  sur des buttes qui portent les noms d'Alasora, Ilafy, Ambohidrabiby et Ambohimanga, leur avant-dernière station.

 

Une enceinte de palissades, de pisé ou de blocs superposés souvent doublée de fossés, constitue le Rova, le village féodal. Des portes de bois ou de granit devant lesquelles on roule une énorme pierre circulaire donnent accès à ces refuges gardés par des vigiles. <<Car étrangers au pays, envahisseurs décidés mais conquérants peu nombreux, les Merina avaient à lutter contre les premiers possesseurs du sol, les Vazimba >>.Et pour se défendre contre leurs représailles que la légende dépeint terrifiantes, les nouveaux venus établissent sur les crêtes des campements faciles à préserver.<<Aussi le même

mot vohitra désigne-t-il maintenant le mont et  le village.

 

Culminant à 1468 m, à Analamanga, la <<forêt-bleue>> ou au <<bois joli>>, on est << près du ciel>> (<<Imarivolanitra>>comme plus tard on désignera l'un de ces quartiers).Sa position est d'autant plus forte qu'un abrupt d'une centaine de mètres rend son versant ouest inaccessible. Et avec le ravin d'Ambatoborodamba (où l'on jette les vieilles nippes), les roitelets merina de cette forteresse naturelle pour citadelle capitale. De surcroît, ce même roc domine et commande la plaine fertile où coule l'Ikopa ainsi que toutes les terres environnantes qui forment des milliers d'hectares de bonnes terres propre aux cultures et aux rizières. ..Est-il étonnant si le mont que l'on aperçoit de cinq lieues à la ronde exerce une singulière attraction pendant deux siècles sur les Merina ? Cela explique aussi  les luttes parfois acharnées qui se livrent pour sa possession. ..En fait, l'histoire d'Antananarivo connue est celle de la conquête d'Analamanga, de l'organisation sur ce rocher d'une citadelle aux sept portes, enfin du débordement sur les collines et les plaines voisines de cette cité devenue insuffisante, puisque sa situation centrale de lEmyrne et, bien au-delà, de métropole de a Grande Île.

 

La tradition attribue la fondation d'Antananarivo à Andriajaka, seigneur d'Ambohimanga que les historiens font règner de 1610à 1630. Les <<Tantara ny Andrina eto Madagasikara >>, histoire orale des seigneurs de l'Imerina recueillie par le RP.Callet, rapportent en effet <<qu'en ce temps-là, Andrianjaka alla vers les Sud pour prendre Analamaga-la-Sainte afin d'y habiter et pour combattre les Vazimba>>. Selon la légende, il campe avec ses troupes là où se trouve l'actuel quartier d'Ambohitsiroa et prononce ces paroles mémorables :  << Nous ne pouvons pas être deux >>. Il annonce ainsi sa volonté d'être le Maître sans partage de la conquête entreprise. <<Et lorsque les Vazimba virent la fumée des multiples feux (du campement), ils s'enfuirent découragés... Cela fait, le prince pensa coloniser le haut de la cité ; alors, il établit là 1 000 hommes comme colons . Donc , c'est ici Antananarivo (la cité des 1.000), dit Andrianjaka.

Certains historiens contestent cette étymologie d'Antananarivo. Ils prétendent traduire ce nom par << 1.000 villes>> ou ville des 1.000>>.Viendrait à l'appui de cette thèse le fait incontestable que le mot <<arivo>>(1.000)a la valeur d'un augmentatif fréquemment usité dans les noms des lieux , des personnes, et dans les proverbes. Antananarivo signifierait alors tout simplement la << grande ville >>. Dans '' l'histoire des comptoirs hollandais sur la côte de Malabar''( 1726), Fr. Valentin relate qu'il existait au début du XVIIIe siècle, à quelques miles de l'estuaire de la Betsiboka une ville d'Antananarivo, capitale d'un vieux roi sakalava dont la domination s'étendrait sur les trois quarts de Madagascar. Ainsi, le nom d'Antananarivo auraait pu être emprunté par les Merina. << Le mythe des 1.000 guerriers colonisateurs (d'Andrianjaka) n'aurait alors guère de valeur>>.   Le premier témoignage écrit sur la ville est celui du Français Mayeur , premier Européen à la visiter (1777): << Le Européens qui fréquentent les cotes de Madagascar auront de la peine à croire qu'au centre de l'Île , à 30 lieues de la mer, dans un pays jusqu'à présent inconnu qu'ntourent des peuplades brutes et sauvages, il y plus de lumière, plus d'industrie, une police plus active que sur les côtes...Les Hova tissent avec art des étoffes de coton,; ils travaillent le fer avec habileté, fondant le minerai qui est abondant dans le centre de l'île, forgent des hâches, des bêches, des couteaux...>>

 

 

 

 

 

 

 



09/03/2020

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